LA PASSE MORTELLE DU POUVOIRInexorable opportunEnvergure d'ombres




Sur la branche épargnée

chantait l'exigence du rossignol

pas un mot ce mois là

qui ne fut vérité

il pleuvait des arcanes

et des secrets majeurs

le corps devenait air

se respirait lui-même

on avait décidé et le monde était libre

on avait oublié et le sein se gonflait

la terre avait trouvé ses mythes renaissants

la lumière était neuve

sous les obus de l'aube


Art Poétique

il faut écrire en son absence

par osmose et par miettes

il ne faut pas brûler la langue

ni pouvoir l'anonyme prison

mais réclamer un juste partage

entre la vague et le hauban


nous fûmes des octaves

nous eûmes des tombeaux

l'araignée nous englua

de fils prophétiques

nous fûmes des instants

reliés par un bief

nous eûmes le tambour

comme linceul le plus chaud


liberté sans fable

rives sans fard

vous conduisez ma vie

de votre souffle

autour de moi vieillissent

les salves qui tuent l'ombre

les fenêtres qui tombent

et les tables des jours

il ne reste plus ici que la résonance

écho du tendre écho perdu

écolière d'un chemin de jambes nues

fillette qui ne parle plus au renard


qui vous appelait épaves

vous qui êtes

mon horizon et mes détroits

ma redevance sur la mer


terroir d'une peur que le vent plie

vous qui étiez l'être en vie

le sourd l'impassible

le granit du cœur


dîtes à mon frère servant sous le hibou

que je sui seul maintenant débiteur des rivières

et remontant le cours comme le poisson sauteur

et m'éloignant de lui comme un homme subalterne

répétez-lui ces mots maintenant que temps le presse

il n'est d'amour qu'amour de mains que transparence

dans ce langage épais que vous parlez là-bas

nous ne nous verrons plus dans cette vallée étroite

les crocs neufs des rochers ont muré toute issue

la volonté tarit dans ces jours d'été

et le vol des pigeons se fiche dans les ténèbres


hier et demain petites tombes que le temps supporte

le genêt y est aussi utile que l'avoine et la bruyère plus colorée que le parc

des guenilles d'heures y refusent toute route

la cicatrice d'un bonheur entr'apeçu

découpe le pain d'une poitrine de soldat